Shopping time !

- Chriiiiis ?

Eiko élève la voix, pour qu’il l’entende de la salle de bain alors que la blonde se trouve dans la cuisine, avance d’un pas rapide et c’est, rassuré, qu’elle entend le verrou de la porte être déverrouillé, sourit joyeusement en l’ouvrant sans hésitation, fait attention cependant à ce qu’il ne se la prenne pas en pleine figure. Aujourd’hui, Eiko ne tient pas en place, comme à son habitude, et le week end débutant la rendait toujours aussi de bonne humeur, quand en général signifiait le temps pouvant se passer en présence de son ami de toujours.

- Je viens de finir la vaisselle ! Et ce matin j’ai fais le ménage à fond, l’appartement est tout propre !

Le ton enjoué, satisfaite d’en avoir fini de bonne heure avec ces tâches qu’elle n’appréciait pas forcément mais pourtant importantes pour vivre agréablement, mais quand même tout serait mieux dans la vie si l’obligation de devoir laver n’existait pas, si tout pouvait être fait automatiquement… Bref, c’est un soulagement pour elle d’en avoir fini avec ça jusqu’à la prochaine fois.

- Tu sais ce que ça veut dire ?!

Non, il ne le savait pas. Sauf si il sait lire dans son esprit, ou qu’il la connaît suffisamment bien pour savoir qu’elle avait une idée par la tête, sans même savoir laquelle. Qu’il y avait, en plus du fait qu’il fallait le faire, un peu de fourberie à avoir entamé de bonne heure le ménage. Eiko lui adresse un sourire, retient un rire pendant qu’elle le pointe du doigt, et c’est d’un ton presque euphorique qu’elle daigne de répondre, non sans lui avoir laissé un temps de méditation juste avant.

- Que pour me remercier, tu dois venir faire les boutiques avec moi ! Dis oui, dis oui !

Elle a cette envie folle de bouger cet après-midi, et par dessus tout l’envie de sortir avec son meilleur ami. Honnêtement, Eiko espère même que ce prétexte est inutile, pour donner la même envie à Chris.

L’eau glisse sur ta peau et tu t’laisses un peu emporter ; t’es dans ta petite bulle de savon, loin du monde, loin des soucis.
Sous le jet brûlant y’a que toi, ton esprit encore assoupi et tes muscles qui se décontractent.
Rien que pour ça tu pourrais passer ta journée sous la douche - pour une fois que t’es de repos, autant en profiter non ?

Mais tu sais bien qu’Eiko t’en voudrait d’accaparer la salle de bains comme ça. En plus la facture d’eau serait beaucoup trop salée à ton goût derrière. Alors quand t’entends ton prénom hurlé à travers l’appart’, tu te forces à fermer le robinet pour répondre un “Eikooooo ?” faisant parfaitement écho à ta colocataire. Puis tu attrapes une serviette que tu noues autour de ta taille après d’être essuyé et entreprends de retourner à ta chambre pour t’habiller.

Seulement Eiko a été beaucoup plus vive que toi, elle arrive à la porte de la salle de bains la première et l’ouvre à la volée ; heureusement que t’as quelques réflexes, sinon tu te la serais prise en pleine figure. Tu doutes pas qu’elle a calculé son coup au millimètre près, mais n’empêche, y’en a une qui ne manque pas d’entrain ce matin. Eiko, quoi. Avec le temps t’as fini par comprendre que s’il y a bien une personne au monde que t’arriveras pas à fatiguer, c’est elle.

Sa bonne humeur te contamine ; tu peux pas t’empêcher de sourire tandis qu’elle exhibe son ménage tel un trophée durement obtenu, et lâche un “Génial ! T’es vraiment la meilleure.” pour rester dans l’ambiance.
Elle mérite que tu la félicites de temps en temps, ne serait-ce que parce qu’elle te supporte au quotidien. Pour toutes les fois où elle t’a sauvé, aussi.

Puis ton amie de toujours te pose une question piège qui te fait incliner la tête sur le côté en plissant les yeux. Tu la connais assez bien pour savoir qu’elle a une idée derrière la tête, et qu’elle ne va pas se priver pour t’embarquer même si tu ne demandes rien - Eiko se fiche bien de ton consentement après tout.
Finalement la sentence tombe : du shopping.

En soi, tu n’as rien contre - même si t’es bien déterminé à négocier les prix au max pour elle et à ne rien acheter pour toi. Cependant t’as envie de la taquiner un peu, alors tu grimaces en plaçant une main sur ton estomac. “Désolé Eiko j’aurais adoré, mais j’crois qu’j’ai la gastro….”
Son expression met rapidement un terme à ta comédie.Tu lèves les mains comme si t’étais devant un flic. “Ok ok t’as gagné, je te suis !” Dis-tu précipitamment avant que ta meilleure amie ne s’énerve pour de bon et te frappe.
Ou pire, avant qu’elle n’utilise l’attaque yeux d’Eiko battue.

Tu prends tout de même un air goguenard pour ajouter “Tu me laisses quand même m’habiller avant ? Ou tu préfères qu’on m’arrête pour exhibitionnisme ?” Tu sais bien que te voir à moitié nu n’a plus aucun effet sur la blondinette, et au fond vous pourriez sortir en sous-vêtements que ça t’amuserait plus qu’autre chose. Tant que c’est avec elle tu t’en fous, d’ailleurs les plans foireux ça vous connaît. Mais ce n’est sans doute pas le genre de virée qu’elle attend cette fois-ci.

Eiko se décale donc, et tu lui tapotes le sommet du crâne en passant. Tu te prépares tout en sifflotant, puis la rejoint dans le salon et t’appuies contre le mur. “Vamos ?” Tu parles espagnol comme un mouton irlandais, mais pas grave. De toute façon elle aura compris, surtout que tu fais tourner les clés de l’appart autour de ton index.
T’es prêt à la suivre comme le super ami que tu fais.