CARACTERE //Léona. Léo la Lionne. Un visage impassible pour une bouille ronde. Des yeux caramel qui jugent et toisent. Vous tous. Elle vous regarde de haut en bas et de droite à gauche. Regard inquisiteur. Léo. Vous ne le connaissez pas encore, mais elle vous déteste déjà. Rassurez-vous toutefois, elle n’aime pas grand monde ! Votre manière de parler. Votre manière de bouger. Soyez sûr qu’il y aura bien quelque chose qui l’énervera. Détail futile ou défaut visible.
La Lionne n’est pas très aimable. Sourire la fatigue. Comme ouvrir sa bouche pour proférer quelques gentillesses semblent être un travail impossible. Sa bouche, elle l’ouvre le plus souvent pour grogner ou se plaindre. Éternelle insatisfaite de tout et rien. Se moquer est le seul langage qu’elle connaisse. Elle est grognonne pour le plaisir en lui-même de l’être. Comme si cela l’amusait profondément. La divertissait. Alors quand elle aime pas quelqu’un, elle fustige. Quand elle aime quelqu’un, ce qui arrive bien plus de fois qu’elle veut l’admettre, elle taquine. Charge à vous de faire la différence !
La vérité, en vérité et contrairement à la légende, c’est que la Lionne de Némée n’est pas foncièrement méchante. Certes, elle n’est pas foncièrement gentille non plus. Elle ne vie que pour ses instincts. Ses envies. Fougueuse insaisissable. Ses méfaits en Argolide n’était pour elle qu’un jeu à l’époque où elle était une toute jeune lionne. Une lionne intrépide ne vivant que pour l’adrénaline et le plaisir égocentrique de voir la peur qu’elle inspirait dans les yeux des habitants. Le bon vieux temps comme elle le dirait elle-même.
Après tout, elle ne rêvait à l’époque que de liberté. De s’amuser à bondir partout. Le vent caressant sa crinière. Croquant de temps à autre quelques malotrus qui pensaient être plus forte qu’elle. Comme les Hommes qui pensaient la dompter. Comme ceux qui ont déformé la légende. Eh bien quoi ? Un lion ? Est-ce donc si impossible d’imaginer une lionne ? La virilité collective des hommes a donc été si bafoué pour que la Lionne de Némée devienne le Lion de Némée ? Ce n’est pourtant pas le lion dans le règne animal qui tient le rôle du chasseur. Les lions sont flemmards. Ils attendent patiemment que la lionne ramène la pitance pour nourrir la famille.
Malgré sa fougue, la lionne mal léchée peut se montrer clémente. Elle protégera quiconque son instinct lui dit de protéger. Crocs et griffes, elle se battra. Solidaire, elle défendra les femmes. Elle croquera sans une once de remords tout ceux qui les maltraitent. Proche des animaux, elle éviscérera tout ceux qui osent faire du mal à la faune. Sauvage ou non. Du carnivore à l’herbivore, elle défendra les siens de la folie des Mortels.
La Lionne de Némée n’est pas très agréable. Elle est fougueuse et brutale. Elle n’est pas vilaine, mais suit sa propre justice. Son instinct animal. Vous pouvez essayer de l’amadouer, mais soyez sûr d’une chose...
Jamais vous ne la dompterez !
Anecdotes en vrac :- Elle a eu un crush pour Héraclès, mais chut faut pas le dire.
- Elle aurait aimé s’unir à lui pour mettre au monde une progéniture qui serait forte comme lui et résistante comme elle.
- Il a refusé. Parait-il qu’il avait onze autres travaux à accomplir.
- Elle boude toujours !
- Elle n’est pas coquette et s’habille avec des vêtements confortables.
- Quand elle dit qu’elle va vous bouffer, ce n'est pas une allusion coquine, c’est à prendre au premier degré.
- Elle bouffe d’ailleurs les mecs qui l’emmerdent dans la rue.
- Elle bouffe aussi ceux qui emmerdent les filles en général.
- Quand elle dit qu'elle va pas te bouffer, c'est un signe d'affection.
- Elle adore se dorer la pilule en plein Soleil dans sa vraie forme.
- Elle est plus sympathique qu’elle veut bien le montrer.
- Parfois, elle se lèche la main en oubliant qu’elle est sous forme humaine.
- Elle n’est pas très pudique.
- Avoir une force herculéenne est un plus pour espérer la conquérir.
- Quand elle se décide à faire un régime, elle se dit pas « fini les burgers », mais « fini les humains » !
- Mais comme elle a des facilités pour dévorer ceux qui la contrarient, ce n’est pas très efficace…
- Elle ne se pèse jamais. Elle a peur d’avoir peur !
- Mais il parait qu'elle a des abdos en béton armé.
- Qu'elle doit entretenir régulièrement avec toute la nourriture qu'elle ingurgite !
- Elle a ragé quand elle a appris que la légende parlait d'un lion et non d'une lionne.
- Elle a le pelage tout doux et soyeux. Il ne fait d'ailleurs jamais de noeuds.
- Parce qu'elle le vaut bien !
- Quand on la grattouille derrière l'oreille droite, elle ronronne.
- Voix,
ici.
HISTOIRE //Au commencement était une petite lionne. Des temps lointains et reculés auxquels plus aucun Mortel ne garde souvenirs. De la parenté de la fauve, rien n’est sûr. Légendes et mythes divergent. Peut-être fruit de l’union d’Orthos, chien du géant Géryon et d’Échnida. Union aussi étrange que sauvage pour donner naissance à une lionne invincible. Pourtant, à ses beaux yeux caramel. Elle n’a qu’une seule mère. Héra. Noble et belle déesse. Mère de substitution.
Ah, qu'elle était belle la lionceaune. Grande et altière, les yeux pétillant de malice. Une certaine polissonnerie dans sa fougue qui ne la quittera jamais. Elle grandit vite. Si vite. Trop vite aux yeux d’Héra qui ne pouvait guère plus la garder près d’elle. La Déesse décida de la relâcher en Argolide. C’est ainsi que commença la légende.
***
Fuyez, fuyez ! La bête est là !
Le bruit des sandales foulant la terre du sol poussiéreux de Cléones en Némée résonnait dans toutes les rues de la cité. Mouvement de foule apeuré. Hommes, femmes et enfants tous courent aussi vite que leurs faibles jambes le permettent. Elle. La Lionne. Elle est plus haut. Sur le toit d’une petite villa. Elle observe, non elle savoure. Les pattes sur le rebord, prête à bondir à tout instant. Le jeu commence.
Sur deux jambes, on est forcément lent !
Elle bondit. Elle s’élance ! Elle croque en premier un vieil homme, sans doute un maître. Elle l’avait vu la veille molester quelques jeunes éphèbes. Son énorme corps écrase l’autre. Il n’a pas le temps de mourir des crocs, le poids de la lionne lui brise les os. Les autres regardent, incrédules. D’autres fuient.
Je sens votre peur.
Elle jubile. Elle s’amuse. La lionne n’a pas le sentiment de commettre quelques perfides actes. Elle chasse comme il est de son droit naturel à chasser en tant que lionne. Elle ne voit ni mal ni bien. C’est la nature. Le lion mange l’homme. Et puis, elle est si jeune. Si fougueuse. Elle se pavane au milieu de ses victimes. Elle fait la belle. La fière. Quand elle est rassasiée, elle s’en va.
Ô Lionne de Némée. Sors donc ! Viens m’affronter !
La superbe lionne plisse les yeux, perplexe. Elle en a croisé des hommes qui pensaient pouvoir la terrasser. Aucun ne méritait ne serait-ce que pouvoir prétendre à combattre l’une de ses moustaches. Elle dévora tout ceux qui osèrent l’affronter. Tout ceux qui osèrent penser pouvoir la dompter. Lui pourtant, il était différent. Une aura de force s’échappait de tout son être. La bataille dura des heures. La chasse des jours. Enfin, elle avait trouvé un mâle à sa hauteur.
Héraclès ! Unissons-nous ! Imagine les petits que nous aurons avec ta force divine et ma peau indestructible.
Ah, quelle était jeune et naïve. Premier émoi du cœur. Héraclès n’était plus le chasseur, mais bien le chassé. Il était beau, grand et fort. La jeune lionne fut émerveillée par sa fougue. Elle eut beau prendre forme humaine, l’homme ne céda pas à ses avances. Furieuse et incomprise, elle se jeta à cœur perdu dans la bataille. La rage au ventre.
Elle finit avec une lance de bronze céleste dans la gueule. Surtout le cœur brisé.
***
Est-ce ma Némée ? Ma Cléones ? Je ne reconnais plus ma cité…
Elle passa des millénaires dans le Tartare. Les premiers siècles à se morfondre, le reste à bouder le souvenir d’Héraclès. Elle s’ennuyait terriblement et quand vint enfin le moment de sortir, elle ne reconnut plus rien de cette Grèce du XVe siècle. Cette Grèce ottomane. Elle ne voyait que des barbares foulant le sol des Hellènes. Prise d’une violente nostalgie, elle n’eut pas l’appétit de croquer les quelques gens qu’elle croisa.
Elle entama un long voyage à travers le pays. Puis à travers le monde. Ne comprenant pas que la Grèce n’en était plus le centre.
***
Merci.
Elle pleurait, la petite paysanne. Doux mélange de peur et de gratitude. Dans une grange de Provence au milieu du XVIe siècle. Assise au milieu de la paille, elle regardait la lionne. La lionne elle, ne comprenait pas le mot barbare qui venait de sortir des lèvres de la belle. Elle ne comprit pas les quelques reproches que fit son époux à la jeune fille. Elle comprit en revanche la main dans ses cheveux pour la saisir avec violence. Elle comprit le poing qui s’enfonçait dans les côtes de la fragile demoiselle. L’homme, lui ne comprit rien. Il n’eut pas le temps de comprendre la gueule de la lionne se refermer sur son torse.
La bête s’approcha de la belle. Elle figea son regard dans les yeux de la jeune fille. D’un revers de patte, elle lui ordonna de se ressaisir. La jeune fille comprit. Elle comprit le message dans les yeux de la rude lionne.
Elle comprit que jamais plus, elle serait soumise à un époux.
***
C’est une histoire aussi sanglante qu’étrange qui s’est déroulé cette après-midi au zoo de Sydney. L’ensemble du personnel a été dévoré et les animaux relâchés dans une panique générale. Les caméras montrent une lionne s’en prenant au personnel. Pour l’heure, nous ne savons pas qui a relâché les animaux.
Le sang de la lionne se glaça. Elle arpentait la ville de sa forme humaine quand elle le découvrit. Un zoo. Abjecte prison. Son instinct lui hurla. Il lui cria d’aider les siens. Elle ne réfléchit pas davantage. Elle prit sa vraie forme. Elle fit une entrée majestueuse dans le zoo. Une entrée sanglante. Voir les animaux derrière des vitres à la vue de visiteurs lui donnaient la nausée. Elle n’épargna aucun des membres du personnel du zoo. Tous finirent dans son estomac.
Ces barbares, elle les bouffa tous.
***
Ses pérégrinations finirent par l’amener dans la ville de Ierótheón. Une ville qui respectait les coutumes des anciens. Une ville où elle était comprise. Elle décida de s’y installer pour tenter de repartir à zéro. Ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. Elle prit alors le prénom de Léona.
Pour se rendre utile et s’intégrer, elle décida de travailler dans un refuge animalier. Voir ses pauvres bêtes abandonnées en cage lui fend le cœur, mais au moins se console-t-elle en s’occupant d’eux. Espérant qu’ils se fassent adopter. Elle a par ailleurs décidé de prendre sur elle et ne pas bouffer tous ceux qui l’agacent – elle se contente maintenant de les insulter. Non pas par gentillesse, mais plus par pragmatisme. Elle n’a pas envie de retourner dans le Tartare pour le moment.
Aussi, elle se contente de bouffer les cons. Ce qui en soit, reste un régime alimentaire assez riche !
Ils craindront la nature sauvage !