HISTOIRE // « T’es pas un vrai gallois ! »

« T’as même pas de mère ! »

« Les cheveux longs c’est pour les filles, t’es sûr que t’en es pas une ? »

Charmant les enfants, n’est-ce pas ? Ils disent absolument tout ce qu’il pense, ne se souciant pas le moindre du monde de l’éthique ou de blesser leur prochain. Et l’on dit des enfants qu’ils sont des êtres purs et innocents ? Clairement celui qui a eut cette idée n’a jamais interagit avec des enfants lorsqu’il en était un.
D’aussi loin qu’Arwel se souvienne, ses interactions avec les autres enfants se sont toujours déroulés ainsi. On questionne sa longue chevelure, on demande où est sa mère, on lui dit qu’il ne ressemble pas à un gallois.
Cela aide beaucoup à apprécier son prochain, n’est-ce pas ?
Lorsqu’il entra à l’école ce fut encore pire.
Arwel n’arrivait pas à lire ni à écrire. Tous les autres enfants progressaient à peu près de la même manière, ils s’amélioraient tous et arrivaient plus ou moins à déchiffrer un texte après la première année. Pas Arwel. Il avait beau se démener à la tâche il n’y avait rien à y faire. Son père l’aidait quand il rentrait de l’école, il faisait ses devoirs avec lui, il essayait de lui apprendre à lire et à écrire mais cela ne marchait pas non plus.
Les moqueries se déplacèrent sur son incapacité à lire et à écrire.
En deuxième année on leur apprit à lire et écrire l’anglais. Arwel s’en sortait mieux. Il crut voir de l’espoir dans cette langue mais Arwel dû apprendre bien vite que l’espoir laissait place à la déception.
Tout d’abord on se moqua de lui parce qu’il avait de meilleur compétences en anglais qu’en gallois, et ensuite ses camarades le dépassèrent bien vite et les railleries portaient sur son incapacité à lire et écrire une quelconque langue.
Bien sûr son père s’inquiéta et l’amena voir un médecin, puis un autre, et encore un autre jusqu’à ce qu’on diagnostique chez Arwel de la dyslexie et de l’hyperactivité.
Encore de nouveaux éléments qui le rendait anormal.

Son père essaya de le changer d’école, dans une qui serait plus adapté pour l’aider mais cela ne changea pas le problème.
Les railleries avaient toujours lieu, les questions embarrassantes aussi.
Alors Arwel décida de mentir, de ne plus être lui-même, d’être quelqu’un d’autre, d’être ce que ses camarades avaient toujours voulu qu’il soit. Il n’était rien en étant lui-même après tout, qu’avait-il à perdre ? Comment pouvait-on même perdre quelque chose quand l’on avait déjà rien à la base ?
Arwel commença avec ses camarades, il leur dit ce qu’ils voulaient entendre, ce qui éloigneraient les moqueries de lui. Et à sa grande surprise cela marcha. On croyait à ses mensonges, on croyait tout ce qu’il disait même quand il y avait une preuve flagrante qu’il mentait.
Il a ensuite essayé sur les professeurs pour changer ses notes. Et cela a aussi marché. Il était capable de manipuler quiconque pour avoir ce qu’il voulait. Que rêver de mieux ? Il était enfin accepté, il était enfin normal, comme tous les autres, il pouvait enfin vivre. Malheureusement la même équation de l’espoir qui laisse place à la déception se reproduisit.

Arwel jouait au rugby depuis que son père avait jugé qu’il était assez âgé pour toucher à un ballon. Le rugby plaisait beaucoup au jeune garçon pas tant au fait qu’il aimait particulièrement y jouer mais parce qu’il avait nombre de souvenirs heureux qui y été associé.
Son père était un joueur de rugby professionnel quand il avait eut Arwel et il a réussit à continuer son métier de sportif tout en s’occupant de bien élever son fils. Arwel se souvient de journées passés à regarder son père jouer en compagnie de sa nourrice, puis ensuite sans la nourrice quand il fut assez grand pour ne plus en avoir besoin. Il se souvient des autres joueurs qui jouaient avec lui durant leur pauses, il se souvient de tous ces hommes bien bâtit qui étaient toujours auprès de lui et qui avaient toujours un mot gentil à son égard. Le terrain de rugby était sa deuxième maison et les joueurs étaient un peu comme des oncles ou de très grands frères, ils faisaient partit de leur famille selon Arwel.
Ce fut dur de ne plus les voir tous les jours quand il dût aller à l’école et les autres enfants n’avaient rien à voir avec tous ces gentils messieurs qui l’avaient toujours entourés durant son enfance.
Puis il commença à y jouer par lui-même, avec d’autres enfants de son âge, ce n’était là aussi pas les meilleurs moments de la vie d’Arwel. Il préféraient les coéquipiers de son père et allaient les voir jouer aussi souvent qu’il le pouvait, il était proche d’eux et venait les soutenir à chaque match. Il ne pouvait pas jouer avec eux mais il savait qu’un jour cela serait possible quand il serait assez grand alors ce fut la raison pour laquelle il continua le rugby avec les gens de son âge même si il détestait cela.

Quand son père pris sa retraite et décida d’entraîner une équipe, la vision du rugby changea pour Arwel. Il ne venait plus voir son père jouer avec ses coéquipiers mais il venait le voir entraîner une équipe et donner des cours aux plus jeunes. Arwel les regardait comme il en avait toujours eut l’habitude mais ce n’était pas les hommes avec qui il avait grandit, ceux-là étaient différents, ils étaient… Plus attirant dans un sens. Il ne pouvait pas détacher ses yeux d’eux mais il ne savait pas pourquoi. Ils ne venaient pas jouer avec lui, ils lui parlaient à peine mais Arwel était attiré par eux.
Lorsque son père regardait des matchs à la télé il ressentait cette même attirance, puis il se rendit compte que ce même sentiment revenait avec des joueurs dans les magazines, avec des hommes à la télévision ou encore même dans la rue.
Arwel ne comprenait pas ce sentiment. Et il ne l’aurait sans doute pas compris sans sa mère.

Sa mère n’était pas sa mère biologique mais Arwel la considérait telle quelle, elle avait commencé à intégrer leur vie peu après qu’Arwel soit entré à l’école. Le petit garçon aimait énormément ce qui était d’abord une amie de son père, elle lui apprenait plein de choses sur l’art, la littérature et l’histoire, elle était douce, intelligente et voyait Arwel comme il était, il était impossible de prendre un masque en sa présence, elle devinait tout de suite ce que le garçon faisait. Elle aimait aussi le rugby et jouait avec Arwel ce qui faisait que la maison était devenue le petit coin de paradis du garçon étant donné la situation à l’école. Quand Arwel commença à utiliser son pouvoir sur les autres à l’école, il se promis de ne pas l’utiliser sur ses parents mais il essaya tout de même de changer pour correspondre réellement à l’image qu’il donnait de lui à ses camarades. Il arrêta de dire ce qu’il pensait et ressentait vraiment pour dire ce qui lui semblait être la bonne chose à dire selon la situation. Cependant cela ne prenait jamais avec sa mère et son père était suspicieux, il connaissait le vrai Arwel et il s’inquiétait pour son fils. Cela ne fit pas changer d’avis Arwel qui continua à essayer d’apparaître plus comme ce qu’il voyait être un homme idéal, un idéal auquel il était loin de correspondre.

Il arriva plusieurs fois que sa mère disent d’hommes à la télé qu’ils étaient vraiment mignons et qu’Arwel approuve, il n’en pensa rien et ne se rendit pas compte de ce qu’il faisait jusqu’à ce que sa mère lui demande si il aimait les hommes. Ce à quoi bien sûr Arwel répondit que non. Mais la question lui revint en tête, encore et encore, et il dû se rendre à l’évidence que tous ces sentiments qu’il ressentait envers des hommes n’étaient pas anodin. Il ne ressentait jamais rien en voyant des femmes, jamais. La terrible révélation lui tomba dessus comme l’épée de Damoclès qui finit par céder, il était gay.
Il était pire qu’anormal, il ne pouvait pas être moins un homme que cela, il était définitivement défectueux et se devait de le cacher à tout prix, personne ne devait savoir. Il arrêta définitivement de jouer au rugby par peur qu’on découvre son secret et il commença à charmer la gente féminine, bien que ne ressentant rien pour elle, pour garder les apparences et faire croire qu’il était normal, qu’il était comme tout le monde.
Cela ne dupait pas sa mère qui avait parfaitement compris ce qu’était son fils mais elle ne le releva pas, il lui en parlerait quand il aurait envie même si cela semblait très compliqué.

Quand Arwel avait eut l’âge d’aller au collège les parents d’Arwel était maintenant clairement ensemble et sa mère proposa de déménager en Angleterre afin qu’Arwel intègre une école plus adapté pour sa dyslexie et son hyperactivité. C’est ainsi que le jeune gallois quitta pour la première fois de sa vie les seules terres qu’il avait connu, celles du Pays de Galles. Ses parents vivaient ensemble et ils ressemblaient désormais à n’importe quelle autre famille, plus personne ne se moquait d’Arwel pour ne plus avoir de mère. L’école était en effet plus adapté pour Arwel mais ce dernier continua d’utiliser son pouvoir pour modifier ses notes et sur ses camarades, il n’interagissait désormais plus avec les autres sans utiliser son pouvoir, il n’était plus jamais lui-même.
Quitter le Pays de Galles amena son lot de problèmes, la vie en Angleterre était très différente de celle au Pays de Galles et surtout dans une très grande ville à laquelle Arwel eut du mal à s’habituer. C’est en Angleterre qu’il découvrit qu’il était gay et c’est aussi dans ce pays qu’il se fit agresser pour la première fois de sa vie par un monstre. Bien sûr il n’avait pas sût ce que c’était mais son pouvoir de charme avait fonctionné et il avait pu s’enfuir, par la suite il se dit qu’il avait sans doute rêver.
Mais il se fit de nouveau attaquer, encore et encore. Il n’y avait pas de schéma régulier et Arwel ne savait jamais quand est-ce que ça allait lui tomber dessus, il croyait qu’il devenait fou, qu’il allait finir par y rester, il crut même à une punition divine pour sa sexualité.
Un jour où il crut vraiment qu’il allait y passer un seeker vint à sa rescousse et lui expliqua des choses absolument incongrues. Que les dieux grecs existaient réellement, que la mythologie grecque était réelle (ça aurait pu être le plus beau jour de sa vie si il n’avait pas juste failli se faire tuer) et qu’il devait venir avec lui en Amérique dans une ville où il pourrait vivre en sécurité. Arwel ne voulait pas quitter sa famille pour aller dans un endroit totalement inconnu où il serait seul mais d’autres monstres pourraient attaquer et il ne voulait pas que ses parents se retrouvent toucher. Au fond de lui-même il ne désirait pas aller dans cette ville, il voulait rester ici, en Angleterre, avec ses parents. Mais il donna son accord. Ils expliquèrent la situation à ses parents et avec la promesse de rester en contact Arwel s’en alla pour de nouvelles terres inconnus encore plus grandes, l’Amérique.

Là-bas Arwel y intégra un lycée qui était cette fois-ci réellement adapté pour lui et dans lequel il ne pouvait plus tricher. Quel dommage. Après le lycée il fit de courtes études de lettres (quel intérêt d’étudier la mythologie grecque plus en profondeur alors qu’il la vivait désormais ?) et quand il fut diplômé il réussit à décrocher un travail dans la bibliothèque d’Ierótheón, il pris aussi un travail dans un bar à côté de cela vu que la bibliothèque n’était pas ouverte tout le temps et que ce n’était pas un travail à temps plein.
Arwel avait écrit et contacté ses parents par message Iris très souvent, surtout au début, et un peu moins quand il s’habitua enfin à la vie ici mais il les appelait toujours au moins une fois par semaine.
Ses parents eurent un enfant et Arwel avait eut très peur qu’ils l’oublient au profit de ce nouvel enfant. C’est à ce moment-là qu’il commença à leur rendre visite et il fut rassuré que ses parents l’aimaient toujours et il tomba même sous le charme de son petit frère pour qui il éprouva vite une très grande affection.
Sa vie allait pour le mieux, enfin si on faisait obstruction du fait qu’Arwel ne s’acceptait absolument pas pour ce qu’il était et qu’il portait un masque en permanence.