HISTOIRE //

La naissance de Yasahiro ressemble au début d’un conte de fée, à une période où l’ère industrielle était à son commencement. Il faut revenir pour cela à l’époque des hauts de forme et des ombrelles dans certains pays, des longues robes pour les demoiselles et des trains à vapeurs. Masayo Tsunemori (Tsunemori Masayo si l’on inverse comme il se doit) est un seeker spécialiste du terrain japonais, pays où il est né, c’est pourquoi il y retourne souvent s’y sentant peut être aussi plus à sa place dans la culture l’ayant bercé ses jeunes années. Malheureusement pour lui un monstre le blessa lors d’une mission près du Mont Fuji. Il réussit à vaincre mais se retrouve blessé à la jambe en pleine forêt dense, la forêt d’Aokigara. Mais heureusement pour lui il fit la connaissance d’Amara, une Oréade qui s’ennuyait quelque peu. Celle-ci fut ravie d’avoir de la compagnie et l’amena dans sa grotte le temps qu’il se rétablisse. Les deux s’attachèrent vite l’un à l’autre et, Amara ne pouvant le suivre à Ierotheon, Masayo s’arrangea pour leur faire parvenir une lettre faisant part de sa volonté de rester auprès de sa nymphe, qui avait aussi quelques consœurs grâce à tous ces arbres intouchés et des satyres pouvant trouver foyer ici.

Ainsi naquit Yasahiro quelques années plus tard.

Yasahiro fut choyé, entouré de nymphes qui voulaient toutes être ses grandes sœurs et devenaient un peu gaga devant le bébé. Le fait d’avoir de l’animation dans les parages leur plaisait surement comme elles ne pouvaient pas aller bien loin, les jeunes parents furent couvert de cadeau, notamment pas mal de couronnes de fleurs durant un certain temps. Masayo accompagna aussi son fils au village le plus proche, il voulait que celui-ci se sociabilise avec des enfants de son âge, sans pour autant chercher à l’inscrire à l’école, sachant que celui-ci aurait des problèmes avec sa dyslexie et devrait mentir sur son environnement. Malheureusement ses cheveux rouges et ses yeux tout aussi rouges n’inspiraient que méfiance et les villageois les voyaient plutôt d’un très mauvais œil, les considérants comme des démons de leur folklore.

Masayo craignait toutefois que des monstres les retrouvent et ses craintes furent confirmées lorsque Yasahiro eut treize ans. Ils ne s’en rendirent pas compte tout de suite, Yasahiro était simplement en train de parler à une de ses sœurs d’adoption quand celle-ci se tordit de douleur et s’écroula, inerte, sous ses yeux. Il s’avéra que le dragon avait de sa queue géante fracassé un arbre sans son sillage pour aller dévorer le demi-dieu Masayo. L’enfant partit aller prévenir ses parents mais ceux-ci étaient déjà en plein combat, son père ayant ressortit son katana en bronze céleste de son fourreau. Les dryades ne furent pas en reste, peu ravit de voir leur habita dérangé et le gros serpent fut mis hors d’état de nuire.

Même s’ils avaient vaincu, la famille dû prendre une décision, Masayo ne voulant pas mettre les autres en danger. Il fut décidé qu’il amènerait Yasahiro à Ierotheon et lui-même y resterait quelque mois. Leur intégration fut facile, Masayo retrouva des anciens amis et ayant pour mère une oréade, une Créature très correcte, le jeune garçon n’eut pas de problème à cause de cela. Il y eut pour lui le choc culturel de passer de la forêt à une grande ville mais il s’y habitua au fil des jours et suivi un cursus scolaire. Toutefois, le garçon remarqua qu’il pouvait deviner quand on lui mentait, ce qui finit par lui poser des soucis à force de dire « non tu mens » quand des petits malins essayaient de lui faire croire des choses du style « c’est pas moi » ou simplement qu’on lui répondait « ça va » quand ça n’allait pas. Il n’avait jamais remarqué car en forêt entouré de gens plutôt honnêtes ce n’était pas flagrant. Le japonais commença à se faire éviter à la fois par les racailles de récrés et les timides qui n’osaient pas avouer leurs problèmes. En fait, d’instinct, personne n’aimaient l’idée de ne pouvoir lui dissimuler des faits. Mais les professeurs l’aimaient bien comme il pouvait disculper ou non un potentielle lanceur de boulettes de papier. Aussi fut il traité de fayot et de chouchou tandis qu’il permettait à d’autres élèves de trouvé celui qui avait volé leur stylo-plume préféré. Popularité mitigé.

Yasahiro se montrait honnête autant que possible et en grandissant fini par comprendre certaine subtilité de la vie. Qu’un mensonge pouvait parfois venir d’une bonne intention, d’éviter de dire à son ami qu’il trouve son gâteau particulièrement dégeulasse, d’éviter d’inquiéter les autres quand on est triste, ne pas avouer tout de suite qu’on prépare un cadeau à quelqu’un ou avouer prématurément un désir caché. Toutefois, l’adolescent n’aimait pas les mensonges mesquins fait pour cacher des méfaits et annonça à son père qu’il s’engagerait dans l’armée, suivant dès lors des formations au combat. Il voulait parcourir le monde en devenant un seeker et faire régner la justice tandis que durant les vacances il retournait voir sa mère en forêt.

Il découvrit à l’âge de quinze ans être plutôt attiré par les hommes ce qui ne le choqua pas comme il n’avait pas été élevé parmi les humains. Il n’essaya donc pas de le cacher sans forcément l’afficher, s’assumant complètement. Son premier crush fut l’instructeur centaure qui enseignait comment combattre les monstres, qu’il voyait comme un mentor. Leur relation resta toutefois purement professionnelle, Yasahiro n’entreprenant quoique ce soit, peut être dû à la différence de race et que ce n’était surement que de l’admiration innocente. Il eut toutefois des rapports moins innocents avec d’autres camarades de promo. En effet, son corps grandissant et se musclant avec les exercices combinés aux traits harmonieux hérités de sa mère attisait la convoitise. Il déclina du mieux qu’il put des invitations féminines toutefois. Il commença à réaliser de petites missions qui se passèrent bien et commença à se faire remarquer professionnellement pour son sang-froid et ses rapports rédigés jamais en retard. Yasahiro était sérieux et s’entrainait quasiment tous les jours comme il n’avait pas de pouvoir augmentant les capacités physiques, se distinguant entre autre par la maitrise du katana en bronze céleste qu’il maniait avec des gants en cuir pour plus de précaution.

A l’âge de vingt-cinq ans il eut un autre gros crush en la personne de son capitaine, Ciaran, un Descendant d’Ares musclé, impressionnant, bourru, qui était tout à fait dans son élément. Sauf que cette fois ce fut sérieux et réciproque. Ils le cachèrent au début, non pas par honte mais de crainte que l’on dise que Yasahiro était privilégié et montait en grade avec une promotion canapé. Ce qui était tout à fait faux, Ciaran ne mettrait pas en danger quelqu’un en le mettant à un poste qu’il ne pourrait pas tenir. Une fois Yasahiro bien accepté, ils se marièrent en mairie deux ans plus tard à la surprise des militaires sous leur commandement qui ne voyait pas Ciaran faire une telle chose.

Yasahiro était épanouie dans sa vie professionnelle et sentimentale mais un point noir gâchait son bonheur parfais : les humains. Au fil des années en sortant d’Ierotheon, il voyait la société évoluer vers un monde qu’il désapprouvait et des nymphes mourraient à cause de la déforestation et de la pollution, ce qui lui tient évidemment très à cœur. Lors de certaines missions il n’hésita pas à faire un détour pour saboter des engins de chantier ou faire fuir des bucherons. Son père mourut. Non pas de vieillesse mais en voulant retourner dans la grotte de sa bien-aimée, tué par un monstre. Ses réflexes s’étant émoussés, il n’a pas réussi à se défendre effacement. Yasahiro avala difficilement la nouvelle, se sentant coupable de ne pas avoir accompagné son père mais Ciaran fut une épaule réconfortante pour lui. Il soutenu sa mère ensuite, lui apportant la nouvelle, ce qui endeuilla leur petite communauté forestière. Nous sommes alors en 1885.

Les années passent, parfois paisibles, parfois mouvementés, les enfants d’Hephaïstos inventent de nouvelles technologie tandis qu’à son plus grand effroi les humains font de même. Le couple reste uni, affrontant les épreuves mais Yasahiro se rend compte d’une chose : il ne vieillit pas. Ciaran si. C’est une chose qu’ils n’osent pas aborder, le niant. Ciaran rigole de ses premiers cheveux blancs, trouvant que ça lui donne du style. Ciaran est toujours vigoureux à cinquante ans, toujours attirant pour son amant. Mais il finit par avoir soixante, soixante-dix, quatre-vingt, quatre-vingt-dix ans. Il en rit encore, disant qu’il a acquis la sagesse. Yasahiro s’absente moins, il travaille toujours mais en interne, se spécialisant dans l’interrogation de suspects. Et il prie les dieux de ne pas lui enlever Ciaran. Celui-ci atteignit l’âge vénérable de 104 ans et s’en alla sans douleur en 1945.

Yasahiro se replia sur lui-même, traversant une période difficile. Pour ne rien arranger il reçut un message de sa mère deux semaines qui, ne sachant pas ce que traversait son fils car il ne lui en avait encore pas parlé, décidait de s’éteindre. Elle avait vu la violence de la guerre, la folie des humains, les morts nymphes liés aux arbres, aux lacs se comptaient par millier dans le monde, des hommes commençaient à traverser leur forêt jadis peu fréquentée. Elle n’en pouvait plus et lui souhaitait bien du bonheur.

Yasahiro prit une grande respiration ce jour-là et décida de se consacrer à son travail en ville uniquement, faisant du zèle, des heures supplémentaires. Il continuait de monter en grade, dirigeait à son tour des équipes, puis dirigea ceux qui dirigeaient des équipes. Il sortit de Ierotheon en 1960 et fut choqué. Il ressortie en 1980 et fut… tout aussi choqué, outré, énervé et se mit à haïr les humains… Ce qui ne s’arrangea pas à chaque décennie. Il en était convaincu : il fallait sortir les demi-dieux de là. Mais il est aussi convaincu d’une chose, une idée prenant forme dans sa tête : pourquoi se cantonner à une seule ville-état ? Toute la Terre devrait suivre leur modèle écologique avant qu’il ne soit trop tard ! Peut être était-ce que les Créatures devaient faire : secouer les humains. Parce que lui, il est partant et pas qu’un peu. Il a aussi voulu retourner dans son ancienne « maison » et il s’avère que celle-ci sert à présent d’attraction touristique à visiter. Il failli péter un plomb et massacrer ceux qui osaient souiller sa grotte d’enfance.

Quand à ses relations sociales, ayant à présent perdu la plupart de ses amis sauf des Créatures, Yasahiro n’en a plus beaucoup. Il a fermé son cœur et n’a pas chercher à se retrouver un amant même pour un soir.