Mes doigts glissent sur le métal froid de ma poignée. Ce soir, je sors. Reginald sera là, je veux lui trouver une nana sympa pour la soirée ou plus … Comme il voudra. Le mec est timide à un point tel. Ce matin je me suis assuré de lui donner le point de rendez-vous avant de rentrer. Je ne bossais pas de la journée, je suis donc rentrée chez moi pour me préparer.
Des petits shorts de jean bien serrés, une camisole blanche, un veston de cuir noir terne et des talons tout aussi noirs, je me suis habillée pour l’occasion. Je ne sors pas pour me bagarrer, moi aussi je veux une soirée sympa. Quelque chose pour évacuer la tension, parce qu’après tout, ce n’est pas facile d’être soldate.
Je passe une main dans mes cheveux pour les ébouriffés un peu. J’aime lorsqu’ils ont une apparence échevelée, ça me donne mon style et pas celui des casse-pieds suiveurs de règles de mes deux. D’ailleurs, ma coiffure a tendance à en énerver plus d’un. Ultimement, moi, je trouve juste ça drôle.
J’ai mon petit sac de cuir noir et rouge, gros comme ma main, pendant an bandoulière à mon épaule gauche, dans lequel j’ai mis mes drachmes que je compte dépenser ce soir. En toute honnêteté, j’espère me faire offrir un verre ou deux ce soir. Je glisse une main dans la poche de mon short avant de me mettre en route.
Le bruit régulier de pas, toc, toc, toc, toc, ni pressé, ni lent, résonne contre le trottoir alors que je me dirige à la fontaine rendez-vous. Je me penche au-dessus de la fontaine pour m’observer dans le reflet de l’eau. Bon, c’est un peu brouillé, mais je peux voir que mon maquillage a bien tenu. Le mascara allonge et épaissit mes cils, la ligne noirs de mon crayon Kohl est juste assez étendue, juste assez brouillée, mon fard à paupière sombre donne l’impression que mes yeux sont un peu plus clairs, ouais, j’aime bien le résultat.
Je souris avant de me laisser tomber contre le rebord de la fontaine, dans une pause décontractée. J’attends Reginald glissant souvent les yeux vers le ciel. Parfois, il m’arrive de penser à mes frères. Nous n’étions jamais bien près les uns des autres, mais le soir, quand je regarde les étoiles, je pense à eux. Voient-ils le même ciel de la ville ?
Un soupir.
Ce n’est pas le temps de se questionner. Peut-être qu’un jour, j’irai les voir, mais pas aujourd’hui, pas demain, ou encore prochainement. De toute façon, aucun d’eux n’aurait quelque chose de pertinent à me dire et … et ils ne comprendraient pas. Ils penseraient que je l’ai ai abandonnés. Enfin, c’est un peu exactement ce que j’ai fait. Je les ai tous abandonné pour venir ici, mais … mais moi ça me va, je peux vivre avec ça.
Mes ongles cliquettent contre la pierre alors que j’attends. Je ne suis pas impatiente, mais je n’aime pas être seule. Ça me rappelle des moments moins agréables de mon existence. Du temps où m’enfuir de la maison était encore un passe-temps.
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Reginald stressait quelque peu, sur le chemin du point de rendez-vous. Il en sera incapable, il le savait ! Dans le meilleur des cas, il se prendra un violent râteau, mais ce sera déjà ça de pris ! Jouant nerveusement avec ses doigts sur la route, le satyre réfléchissait à ce qu'il pourrait bien dire, mais cela sonnait toujours niaisement. Il n’était décidément pas doué en drague, ou même pour demander un simple rencard à quelqu'un qui lui plaisait ! Ses amis satyres qui lui restait se moqueraient bien de lui, s'ils savaient. Le semi-bouc était d'une nullité extrême en amour, et cela se faisait déjà sentir quand il était jeune : Oui, il devait l'avouer, il était tombé amoureux d'une nymphe, une fois. Alors que ses potes lui avait crié de la prendre par surprise, et cela dans tous les sens du terme, Reginald avait préféré rester gentleman et était aller lui demander gentiment, toujours avec cette même timidité qu'il avait aujourd'hui, un rendez-vous. La réponse avait été négative, les autres l'avait hué, sur le coup il avait été honteux bien que la jeune femme ne lui avait pas répondu méchamment. Il y avait eu d'autres occasions, comme ça, où il avait tenté d’exprimer ses sentiments, ses émotions, mais qui avaient mal tournées ; sa pire fois avait très certainement été avec un autre satyre qui l'avait cruellement rejeté. Le brun en avait pleuré sur le coup avant d'aller se cacher quelque part. Ridicule ? Faible ? Oui, il l'avait totalement été.
Non, décidément, Reginald et l’amour, ça faisait mille.
Il se secoua la tête pour penser à autre chose. Sa sacoche, contenant sa flûte, son argent et quelques babioles, se balançait d'avant en arrière au fil des pas du jeune homme ; il ne s'était pas embêté pour la tenue, d'ailleurs. Il avait simplement pris ce avec quoi il s'habillait habituellement pour accueillir ses élèves dans sa salle de classe, c'est-à-dire un pantalon court noir et une chemise blanche, recouvert d'un sorte de gilet bleu clair. Un accoutrement efficace. Les manches de son vêtement léger était retroussées jusqu'à la jointure du coude, et contrairement à d'habitude, un espace entre ce même habit et son pantalon, une partie du ventre, était visible, faisant apparaître une touffe de poils châtains bouclés ; c'était jusqu'à ce niveau-là que remontait son côté bouc.
Alors que la fontaine apparaissait dans son champ de vision, il aperçut une silhouette féminine, de dos, avec des cheveux noirs, assise sur le rebord. Oui, c'était très sûrement elle ! Il s'approcha donc, ses pas se faisant un peu plus rapides, ses sabots claquants contre les dalles, contournant la structure pour venir se poser à ses côtés, souriant.
— Bonsoir Kateryn ! Il l'a salua d'une voix qu'il tentait de faire confiante, regardant de la tête au pied la jeune femme. Je vois que tu t'es bien habillée, toi aussi. Dit-il en riant légèrement, comme pour évacuer la tension.
Parler lui permettait de le faire penser à autre chose, et donc de ne pas songer à la honte qu'il allait se prendre quand ils entreront dans le bar. Pourquoi avait-il accepté, d'ailleurs ? Pourquoi s'était-il laissé faire ? Parce que Kateryn était militaire, et que Reginald n'avait pas envie de contrarier une personne de la milice ? Ou parce qu'il ne voulait pas la contrarier ? Ou bien, était-il juste masochiste ? Il ne savait pas. Mais ce qui était sûr, c'est qu'il allait se jeter dans la gueule du loup, en toute connaissance de cause.
J’entends son pas caractéristique, mais je ne me retourne pas. J’attends qu’il me rejoigne et qu’il s’adresse à moi. Lorsqu’il initie la conversation, je me tourne vers lui et sourit. Il est nerveux, ça se voit, ça se sent. Je me retiens de rire. Je veux dire ce serait un pas contreproductif si je le je faisais se sentir mal avant même d’arriver. Le pauvre va penser qu’il n’a aucune chance.
- Non mais tu pensais quoi ? Que t’allais être le seul à zyeuter ce soir ? Et arrête d’être nerveux. Ça va aller ! Les nanas elles vont toutes craquer tu verras ! C’est difficile dire non à une telle bouille.
Cette fois-ci, je ris, puis j’ajuste mon sac sur mon épaule. Je suis prête. Son arrivée a quelque chose bien, en plus de signifier qu’on va enfin pouvoir y aller : je ne suis plus seule et je ne pense plus du tout à mes frères, portant toute mon attention sur Reginald et ses vêtements. Classique Reginald.
- Aller ! Allons-y. La nuit est jeune, mais ça veut pas dire qu’il faut la gaspiller.
Je commence à marcher en direction de la première destination. Croyez-moi ou non, mais j’ai plutôt bien planifié cette soirée. J’ai fait une liste de tous les endroits que je pense intéressants. Je les ai d’ailleurs notés sur un papier que je donne à Reginald. Il choisira où il préfère aller en premier parce que les gens sont différents d’un endroit à l’autre et le but c’est quand même de lui trouver quelqu’un pour la soirée … ou plus ? Il verra ça par lui-même. C’est un grand garçon.
- Alors, qu’est-ce quel endroit tu préfères ? Personnellement, j’aime bien l’Ambroisia, mais c’est toi qui décide ce soir.
À ces mots, j’ajoute un clin d’œil taquin ainsi qu’un petit bruit bouche chargé de sous-entendus. Les Satyres, ça ne doit pas être prude, hein ? Pour vrai, j’en ai aucune idée. Je veux dire, ce n’est pas comme si avant d’arriver ici j’avais fait des recherches exhaustives sur toutes les créatures que je pourrais rencontrer, c’est pas comme j’avais eu le temps ou choix.
Nous rejoignons rapidement une rue plus achalandée, là où notre destination se trouve. Avant d’entrer je m’arrête et pose les yeux sur Reginald. J’ébouriffe un peu ses cheveux.
- Voilà c’est mieux. T’as l’air moins coincé comme ça. Aller, on entre.
Ouvrant la marche de nouveau, j’entre dans l'établissement et pose mes yeux sur la foule, déjà à la recherche d'une première victime.
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Il la regarda, l'écoutant quand elle se décide à parler. Ah ! Il ne sera pas le seul à tenter le Diable, ce soir ! Ça le rassurait, déjà. Bien que cela pourrait aboutir à une situation gênante : Kateryn qui se trouve quelqu'un, et lui qui reste sans personne. Non, ne pense pas à ça ! Ne te décourage pas pour si peu !
— Et bien, je dois avouer que je n'avais pas pensé à ce que tu en fasses de même, mais savoir ça me rassure. Son sourire diminue en intensité, baissant le regard sur ses jambes. Je ne sais pas si elles seront du même avis quand elles verront mes cornes et mes pattes . . .
Il le savait, que son côté animal pourrait en rebuter plus d'un, que cela pouvait être considéré comme de la semi-zoophilie, et d'autres choses encore ! Cela le décourageait encore plus de se trouver quelqu'un, mais tentait de ne pas le montrer à la brune à ses côtés. Enfin, sûrement qu'il n'y aurait pas que des demi-dieux, dans ce bar ; peut-être qu'il y aurait des nymphes ou des centaures, qui sait ! D'autres créatures, comme lui, qui ne grimaceront pas à ses attributs ! Cela lui remonta quelque peu le moral, relevant le regard vers la femme soldat.
Le rire fut maladif, Reginald ayant été atteint. Elle régla son sac, alors que le satyre se relevait avant de la suivre, hochant simplement la tête de haut en bas à ses paroles. Il marcha tranquillement à ses côtés, le son de ses sabots résonnant dans l'avenue, regardant un peu partout le quartier ; c'était un endroit de la ville qu'il appréciait beaucoup pour son atmosphère joyeuse et accueillante, tout ces lieux culturels, cet accès au port et la plage au sable doré. Tout était coloré, lumineux, bruyant ; une ambiance que le jeune homme aimait tout particulièrement. Il sortit de ses rêveries quand Kateryn lui donna une feuille, qu'il attrapa et examina : Il reconnaissait, tous ces noms, il s'agissait de bars du quartier, ainsi qu'un café qui, manifestement, s'était perdu dans le lot. Il y avait certains de ces lieux dans lesquels il s'était déjà rendu, d'autres, non. Le professeur releva les yeux quand son amie lui adressa la parole ; il regarda de nouveau le papier, les alentours, puis retour vers la militaire.
— Je ne me m'y suis rendu qu'une seule fois, et j'avais bien aimé. Alors, prenons le cap vers l'Ambroisia ! S'écria-t-il en souriant.
Cependant, il rougit violemment au clin d’œil de Kateryn ainsi qu'au son qu'elle venait de produire. Ah, que c'était gênant ! Il regarda vivement devant lui en se tapotant les joues, en se dirigeant vers le bar, comme si cela allait faire partir leur teinte écarlate. Et voilà ! À peine une allusion graveleuse – alors que l'ironie résidait dans le fait que, de temps en temps, Reginald faisait lui-même des sous-entendus sans même s'en rendre compte – et il ressemblait déjà à une belle pomme rouge ! Cela allait être long ; très long.
Bientôt, alors que les joues du satyre s'étaient calmées, ils arrivèrent à destination. Le brun releva le regard vers l'enseigne : L'Ambroisia. Il regarde un peu l'intérieur depuis la grande vitre, et alors qu'il allait poser la main sur la poignée, il se fit stopper par la soldate. L'enseignant la regarda, la tête penchée sur le côté, voyant une de ses mains s'approcher de ses cheveux pour y mettre le boxon. Il grimaça un peu sur le coup ; il avait mis un moment à se coiffer ! Mais, effectivement, si cela faisait trop coincé . . . Il aurait fait fuir encore plus de monde !
L'homme à cornes suivit donc, décoiffé, son amie qui entra dans le bar, ne faisant pas attention à ce qu'elle pouvait bien regarder. Tout ce qui l’intéressait, pour l'instant, était de trouver un endroit libre ; des grands tabourets près du bar ou des larges chaises entourant des tables rondes, peu lui importait, tant qu'il pouvait s'asseoir et souffler un grand coup avant . . . Avant que Kateryn ne commence déjà à le tirer par la manche pour lui indiquer un groupe de jeunes gens dans lequel il y avait une fille qui pourrait potentiellement l’intéresser. Tout ce qu'il dénicha pour l'instant, était deux places libres en face du bar. Il se tourna alors vers la brune.
— On se pose là-bas ? Demanda-t-il en indiquant l'endroit d'un coup de tête.
Sa réponse est tellement emplie de pessimiste, ce mec me tue des fois ! Prends confiance ! Tu peux le faire ! Je le sais ! Si y’a bien un endroit dans le monde où ses trucs ne devraient pas poser de problème c’est bien ici ! Je secoue la tête.
- Dis pas ça. Tes cornes et tes pattes sont géniales. Et si jamais elles disent quoi que ce soit c’est leur putain problème, elles ne savent pas ce qu’elle vont manquer, n’est-ce pas ?
Sa réaction à mon clin est tellement enfantine ! Merde, Reginald GRANDIT ! Il te faut une gonzesse, tu n’as pas idée ! Bien sûr, je garde le commentaire pour moi. Je sais qu'il ne le prendra pas bien, mais ça ne m'empêche pas de le penser. De le penser très fort. Il est adorable, vraiment, mais bordel, c’est un satyre oui ou non ?
Lorsque nous arrivons à l’Ambrosia, je remarque qu’il y a du monde aujourd’hui. C’est presque plein. Difficile de se trouver une place ou nous serons seuls. Tant mieux, ça lui donnera une raison de socialiser avec les demoiselles et pas de faire un tête-à-tête avec le barman. Quoi que peut-être c’est ça son genre … ?
J’aime l’ambiance vivent de l’endroit, des gens qui discute. Et leur menu. Oh leur menu est de toute beauté. Aller, ressaisis-toi Kate, tu n’es pas là pour l’alcool, mais pour Reginald. Pour trouver une fille à Reginald, plus exactement. Je scanne la foule, mais Reginald m’interrompt pour me proposer un siège libre.
Hum ... est-ce que … ? non. Je secoue encore la tête. Une distraction, rapidement aller. Ahah ! D’un geste rapide, je pointe un groupe de trois filles parlant entre elles, cocktail à la main. Elles l’ont l’air d’une joyeuse bande. Un sourire carnassier au visage, je me retourne vers mon camarade. Il doit bien y en avoir une qui attire son attention, non ? Elles sont mignonnes. Pas des filles d’Aphrodite, mais elles sont jolies. Et considérant le niveau de confiance en lui qu’a mon ami, ce ne serait pas une bonne idée d’aller courir après les filles à couper le souffle, il n’alignerait pas deux mots sans avoir l’air d’un crétin.
- Est-ce que tu vois quelque chose d’intéressant ? Oh. À moins que tu veules prendre un verre avant, histoire de te désinhiber, dans quel cas je te suis au bar.
Parce qu’il faut bien se l’avouer, il n’y a rien de mieux qu’un bon verre avant de se lancer. Surtout quand on n’a pas le courage.
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Le satyre aura sourit aux dires de la demoiselle. Mais en entendant, Reginald le sentait, que c'était presque plein, ce soir. Le bar devait faire de bons chiffres !
Il regarda le geste de la brune vers un petit groupe de jeunes filles, dans un coin. Il les fixa attentivement, ces dernières ne semblant pas remarquer les yeux des deux nouveaux arrivant rivés sur elles. Voyant l’expression qu'arborait Kateryn, il devina aisément ce à quoi elle devait penser. Lui, devait avouer qu'il les trouvait charmantes, de loin, avant que son amie ne lui coupe le fil de ses pensées et qu'il ne se tourne vers elle.
— Quelques chose d’intéressant ? Je ne sais pas . . . Peut-être . . . Il ne savait pas trop quoi lui répondre, alors qu'il lança un dernier regard vers le trio féminin. Je ne dirais pas non à un petit remontant avant.
Le professeur souffla pour lui-même. Il n'aurait pas à affronter le danger tout de suite ! Du moins, il espérait. Il avança donc vers le bar, accompagné de la soldate, avant de s'asseoir à un des tabourets vides, offrant l'autre pour elle. Il croisa les bras sur le meuble, soufflant pour la deuxième fois ; Reginald se commanda une boisson, pas trop alcoolisée – pas dès le début de la soirée, tout de même ! Il savait être raisonnable –, laissant Kateryn se prendre quelque chose aussi, si elle le voulait.
Pour passer le temps, il se releva dignement sur sa chaise, étant avachi, avant de regarder un peu partout autour d'eux, histoire de repérer quelques chose d’intéressant pour lui, comme le disait si bien son amie. Il passa de groupe en groupe, même sur quelque serveuses. Il vit d'autres satyres, dans un petit coin, par ailleurs ; cette constatation le fit sourire. Oui, il dénicha quelques personnes qu'il trouvait plutôt jolis, un peu plus que les trois filles tout de même, mais, objectivement, sans réellement plus, pour l'instant. Reginald se dit qu'il pouvait vraiment être compliqué, en amour, et pas seulement nul !
Il ne remarqua même pas que le barman venait de poser son verre rempli devant lui avant un petit moment. Le brun attrapa donc sa coupe et but une petite gorgée de sa boisson, avant de se tourner vers la militaire, d'un regard interrogateur, lui demandant implicitement s'il allait passer maintenant à la casserole.
Reginald m’indique qu’il préfère le bar. Ce à quoi je réponds par un soupir faussement découragé. Nous nous installons au bar, sur les tabourets libres que nous avons vus plus tôt. Il se commande un truc pas trop fort. J’avoue que c’est une bonne idée, il ne faudrait pas être soûl avant même la fin de la soirée. Je commande un truc, ma boisson préférée et alors que Reginald scrute la salle je me tourne dos au comptoir, les coudes appuyés conter le rebord.
Je regarde, mais je n’ai aucune idée de ce que je cherche en particulier. Quel genre de fille l’allume. Excellente question je dois avouer.
Je me retourne lorsque j’entends des verres être déposés derrière moi. Je prends mon verre fixant encore la foule. Hum. Ce n’est pas facile.
Il me fixe. Je le vois dans ses yeux, il se demande si je vais revenir à la charge. Malheureusement pour lui, oui.
- Hé. Avant que je te pointe la moitié de la population mondiale, c’est quoi ton genre. Je veux dire … qu’est-ce qui te branche ? Rousse ? brune ? Grande, petite ?
Ce sera plus simple en sachant, parce que des jolis minois, il y en a partout, mais ça ne veut pas dire que c’est le joli minois que Reginald veut, ou qu’il trouve joli tout simplement. Le problème, c’est que ce qui est beau, c’est plutôt subjectif et je sais que mes standards ne sont pas les mêmes, je veux dire, c’est les mecs que je trouve attirant. Oui, je peux admettre qu’une fille est jolie en tout objectivité.
Je m’arrête de fixer la foule une seconde. J’ai l’impression d’être un requin ou un loup à la recherche d’un agneau sacrificiel. On pourra presque croire qu’on est des maniaques si on continue comme ça. Je peine à retenir un rire à cette pensée.
- Sinon, t’as déjà eu des copines ou une partenaire ?
Je m’attends un peu à sa réponse, mais rester en silence en regardant la foule ça a tout de même l’air super bizarre et surtout ennuyant et mieux vaut passer une bonne soirée. Je prends une autre gorgée portant mon attention sur Reginald. Après tout, la soirée n’a pas encore commencé, ça ne presse pas de l’envoyer dans les bras de madame la charmante inconnue tout de suite non ?
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Prenant une nouvelle gorgée de sa boisson, il écouta la soldate. Oh, le genre de personne qui lui plaisait . . . Oui, forcément, pour les recherches, c'était plus simple. Il y avait un détail qu'il avait toujours en tête, cette même contrainte qui lui paraissait évidente et qui lui revenait toujours en plein visage quand il tentait d'avoir un rendez-vous avec une personne lui ayant quelque peu tapé dans l’œil. Néanmoins, le satyre prit un temps pour réfléchir plus en détail au profil qu'il cherchait, le regard planté au plafond, entrecoupant sa réflexion de gorgées de sa liqueur. Une fois cela fait, il revint vers Kateryn.
— Disons que . . . Déjà, je préfère les personnes de mon âge, ou un peu plus vieux. Je me sens mal à l'aise si quelqu'un éprouve de l’intérêt pour moi alors qu'il a l'âge d'être un de mes élèves ; tu comprends ? Reginald marqua une pause. Pour le reste, je dirais que la taille importe peu, et la couleurs des cheveux aussi ; je ne fais aucune discrimination ! Il se permit une petite plaisanterie, avant de reprendre, plus sérieusement. Ensuite, il s'agit plutôt de traits de personnalité. Comme, quelqu'un de gentil et de respectueux, par exemple. Mais je pense que ces deux points sont communs à tous, non ?
Et c'est là qu'il réalisa qu'il ne venait pas du tout d'aider la brune. Il lui aurait donné carte blanche, cela aurait été du pareil au même mais plus rapide ! Il se donna une gifle mentale. Mais que pouvait-il y faire, sérieusement, si la seule réelle exigence qu'il avait était d'avoir un minimum son âge ? Pour une raison tout à fait honorable, de plus !
L'enseignant resta attentif cependant à ce que disait la militaire. Ah ! Il se doutait qu'elle allait la poser, celle-là ! Oh, la réponse n'était pas dure, il était même persuadé qu'elle savait déjà, mais qu'elle ne faisait que demander confirmation, au lieu d'avoir des conclusions hâtives. Replonger ainsi dans ses souvenirs le fit quelque peu grimacer.
— Non, pas vraiment. Je suis déjà tombé amoureux, ou ait trouvé quelqu'un attirant, mais la réponse était toujours négative . . . Voire pire. Un soupir s’échappa. Peut-être que les autres avaient raisons, mes manières de "gentleman" font fuir les gens . . .
Il regarda avec lassitude son verre, ses doigts l'agrippant, le faisait tourner en cercle dans l'air. C'était quelque peu embarrassant, il trouvait, d'ainsi débiter sa vie, bien qu'il tentait de ne pas le montrer. Il passa un autre coup d’œil à l'assemblé ; il sentait déjà une bonne odeur d'alcool s’installer.
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