Joshua s’éveille d’un rêve étrange, certainement dû aux excès de la veille. Il lève une paupière encore lourde de sommeil mais la referme assez vite, trouvant l’astre d’Apollon un peu trop vif. Il enfouit sa tête sous l’oreiller, espérant rafler encore quelques minutes dans le monde de Morphée. Malheureusement, son ventre lui rappelle qu’il serait temps d’avaler quelque chose. Après une dizaine de minutes il se résigne et regarde l’heure sur son réveil-pégase, acheté auprès d’un artisan descendant d’Héphaïstos. Midi. Une heure tout à fait raisonnable, pour Joshua. Surtout le lendemain d’une soirée un peu trop arrosée. D’ailleurs son crâne ne tarde pas à se venger et il lui devient vital de se lever pour prendre un remède contre la gueule de bois. Depuis quelques années, le commerce des plantes médicinales est devenu curieusement très lucratif dans son quartier.
Après une bonne douche pour se tonifier, il va se préparer un café dans la cuisine. Le monde lui semble encore un peu flou, mais il n’a plus la nausée. C’est un beau progrès. Il se frotte les yeux tout en se préparant des œufs brouillés. Il aperçoit de la vaisselle sale dans l’évier. Ah, Nickolaus a déjà dû partir pour la fac. Il jette un œil à la pendule. 12h19. Il a encore le temps, il n’a cours qu’à 14h et l’université n’est qu’à quinze minutes à pieds. Il est large. Le réveil avant midi, c’est parce qu’il sait que le lendemain d’une fête, il a un peu de mal à sortir du lit. Il va pour jeter la boîte d’œuf vide et constate avec une certaine lassitude que la poubelle est pleine. Et même qu’elle déborde un peu. C’est avec un soupir non contenu qu’il se résigne à la sortir.
Il fait chaud, dehors, mais une brise fraîche vient lui caresser doucement le visage. Un peu de délicatesse quand on la gueule de bois, c’est pas de refus. Il traîne le sac poubelle jusqu’à la benne commune de l’immeuble. Alors qu’il s’apprête à retourner à l’intérieur, son regard capte une silhouette familière qui s’approche de lui. Il cligne des yeux, quelque peu incertain de son identité, l’esprit encore embrumé. C’est la voix de la jeune femme qui lui permet de remettre un nom sur son visage.
"Ah, salut Bellatrix. Non c’est bon, t’inquiète."
Joshua se passe une main dans les cheveux, se frottant les yeux au passage. La potion met son temps à faire effet, ça passerait sans doute mieux en mangeant quelque chose. Mais ce n’est pas pour se remplir la panse que la jeune fille est ici. Il lui sourit, retrouvant progressivement son côté amical alors que les effets de l’alcool se dissipent. Joshua pose son coude sur le petit muret de la résidence et s’appuie dessus.
"Comment ça va depuis la dernière fois, tu te fais bien à la vie ici ?"
Bellatrix est une nouvelle arrivante. Il ne sait plus si elle lui a dit le nom de son parent divin, si oui, il a dû oublier. Il y a quelques jours il l’a surprise à errer dans les rues, l’air totalement perdue, comme si elle doutait de ce qu’elle voyait. Ça arrive parfois, des demi-dieux qui n’acceptent pas ce changement inopiné dans leur vie. Il peut la comprendre ; pour lui aussi ça a été un choc, au début. Enfin, il était avec son frère, c’était sans doute plus facile à avaler. Bref, Joshua l’avait abordée pour lui demander si tout allait bien, et de fil en aiguille, il s’était improvisé guide touristique. Tiens, d’ailleurs, elle n’est probablement pas là par hasard.
"Tu me cherchais, au fait ? Tu veux me demander quelque chose ?"
Joshua est serviable, surtout envers ces demoiselles en détresse. Difficile de leur refuser son aide. Ahlala, Joshua, un jour ta bonté te perdra.